« Les bateaux ivres ». Quand la réalité dépasse la fiction
31 mars 2016

« Trente-cinq ans que je cours le monde et ses tourments. La première fois que j’ai vu l’exode d’une population, en dehors d’une guerre, c’était les boat-people qui fuyaient le régime d’Hanoï. Des jonques en bambou sur la Mer de Chine, les naufrages, tous les éléments étaient déjà là. Mais ces migrants étaient des réfugiés politiques et le monde les regardait d’un œil bienveillant et attentif. Avec le temps, l’opinion s’est lassée. J’ai suivi les barques qui affrontaient le détroit de Gibraltar, les pirogues de la mort pour les Canaries, les zodiacs de Turquie vers l’île grecque de Lesbos, le flot des épaves vers le canal de Sicile. Jusqu’à Lampedusa. J’ai suivi le sillage de ces bateaux ivres, sur terre et sur mer. Je voulais faire le récit de ces centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ne voient qu’une seule issue, partir, à travers notre mer, la Méditerranée. Nous, Européens, hésitons toujours entre compassion et répression. Pendant ce temps, ils partent. Avec la force des désespérés ou des conquérants. Et rien ne les arrêtera. »

« Les bateaux ivres » de Jean-Paul Mari raconte l’odyssée tragique des migrants en Méditerranée. C’est ce livre qui est à l’origine de la rencontre du journaliste écrivain avec SOS MEDITERRANEE. Jean Paul Mari a été pendant les 21 premiers jours de sauvetage de l’Aquarius le témoin en direct de ce qui se passe en Méditerranée et nous l’a raconté, au quotidien, tout au long du Journal de Bord. Une collaboration qui ne s’arrête pas une fois de retour à terre car c’est un engagement fort, au delà des mots. 

par Jean-Paul Mari. Retrouvez son site Grands Reporters.