Faire face à l’hiver en Méditerranée centrale
26 novembre 2019

Dimanche 24 novembre, 213 rescapés secourus par l’Ocean Viking ont pu débarquer à Messine, en Italie. Ils faisaient partie des plus de 700 personnes qui ont tenté de fuir la Libye la semaine passée. Alors que les conflits s’intensifient là-bas, les personnes qui tentent la traversée s’exposent à de graves dangers en Méditerranée centrale, d’autant plus avec l’arrivée de l’hiver.

Plus de 700 personnes ont pris la route de la Méditerranée centrale en moins d’une semaine

Vendredi dernier, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) partageait son inquiétude face « aux derniers développements en Libye où, en l’espace de 48 heures, au moins neuf bateaux transportant plus de 600 migrants ont été découverts sur la route méditerranéenne centrale ». Dans les heures qui ont suivi, d’autres personnes ont pris la mer, portant à plus de 700 le nombre d’individus qui auraient tenté de fuir la Libye par la mer.


Trois de ces embarcations ont été trouvées par l’Ocean Viking qui a secouru 215 personnes en trois jours, les mardi 19, mercredi 20 et jeudi 21 novembre. Des opérations de sauvetage difficiles, durant lesquelles les équipes de SOS MEDITERRANEE ont travaillé sans relâche, parcourant de longues distances et recherchant en continu les embarcations en détresse qui leur avaient été signalées.

Parmi ces 215 personnes qui cherchaient à fuir les conflits, près d’un tiers étaient des enfants de moins de 18 ans, dont la grande majorité voyageaient seuls. Des mineurs non accompagnés, ainsi que des femmes enceintes, dont Paar, une jeune femme d’origine ivoirienne, enceinte de jumeaux, qui a dû être évacuée de l’Ocean Viking par hélicoptère vers Malte, sa grossesse arrivant à son terme…Un homme blessé par balle en Libye a également pu profiter de l’évacuation sanitaire.

Voici la réalité glaçante de la situation en Méditerranée centrale : des femmes, enceintes pour certaines d’entre elles, des enfants, majoritairement seuls, des personnes qui ont été torturées, blessées, tentent de prendre la route de la Méditerranée, pour fuir les conflits et la misère, coûte que coûte.

Encore plus de risques en mer avec l’arrivée de l’hiver

Si la traversée de la Méditerranée centrale sur des embarcations de fortune est déjà très dangereuse en soi, les personnes qui la tentent font face à plus de risques encore avec l’arrivée de l’hiver. Car en hiver, non seulement les températures chutent, mais la houle est plus forte, les vagues sont plus hautes et les tempêtes se multiplient… En outre, les personnes en détresse, qui peuvent parfois dériver plusieurs jours en mer, sont beaucoup plus sujettes à des crises d’hypothermie, qui peuvent engendrer des arrêts cardiaques.

Les conditions météorologiques hivernales compliquent aussi les opérations de sauvetage : avec une mer agitée, les embarcations sur lesquelles ces personnes sont entassées peuvent se rompre ou chavirer beaucoup plus rapidement. 

En janvier 2018, les équipes de SOS MEDITERRANEE ont ainsi vécu l’un des sauvetages les plus critiques dans l’histoire de l’association : sept personnes inconscientes à leur arrivée à bord de l’Aquarius (une femme, trois bébés et trois jeunes enfants) avaient été réanimées avec succès. En revanche les efforts de l’équipe médicale avaient été vains pour deux autres femmes qui n’avaient pas survécu, laissant deux enfants orphelins.




Être prêts pour affronter l’hiver

Face à l’hiver qui arrive, les équipes à bord de l’Ocean Viking s’organisent : des entraînements poussés sont effectués régulièrement, notamment sur la prise en charge des personnes en situation d’hypothermie, ou encore la pratique des massages cardiaques à bord des zodiacs utilisés lors des opérations de sauvetage.
Sur l’Ocean Viking, deux gros conteneurs fermés par des portes hermétiques permettent de mettre les personnes à l’abri de la pluie et du vent. A bord, nous distribuons aux rescapés des vêtements secs, des bonnets, des couvertures, pour aider à la stabilisation de leur température corporelle. En cas d’hypothermie modérée ou sévère, nous faisons tout pour réchauffer les personnes, en leur distribuant de l’eau chaude ainsi que des couvertures de survie.

Alors que les départs continuent et que l’hiver est souvent synonyme d’une présence restreinte des navires humanitaires en Méditerranée centrale, les équipes à bord de l’Ocean Viking sont résolues à continuer leur mission. Notre action est plus que jamais urgente et vitale.