« Les enfants réinventaient sans cesse leur terrain de jeu… »
Maud Veith est montée à bord de l’Aquarius à plusieurs reprises comme photographe, afin de témoigner de la situation en Méditerranée centrale, là où les témoins sont si rares. Elle a voulu raconter la réalité qui s’entrevoit derrière cette photo d’un garçon endormi parmi les gilets de sauvetage alors que l’attente pour un port sûr s’éternisait… Photo reprise dans le dossier « Jeunesse naufragée » que vient de publier SOS MEDITERRANEE.
« En septembre 2018, ballotté au gré des humeurs politiques, au cœur des débats médiatiques pour discuter le sort de cinquante-huit personnes, l’Aquarius a dérivé une semaine autour de Malte. Les tâches du quotidien ont rapidement rythmé les journées. Pour les femmes et les enfants, un abri fermé permettait de faire face au temps capricieux, vent et forte houle. Pour le reste des passagers, la vie à même le pont s’organisait. Nous, l’équipage et les rescapés, étions devenus des indésirables, témoins gênants de la situation en Méditerranée centrale. Les liens se resserraient au fil des jours où nous partagions doutes, colères, rires et frustrations. Les enfants réinventaient sans cesse le terrain de jeux. Pour tous, interroger l’horizon était devenu l’activité principale. Photographier et rendre visible ce huis clos pour rendre compte de ce qu’il se passe loin des regards, en haute mer, sur un bateau dont personne ne veut recevoir les occupants. Rendre à chaque vie sa valeur et à cette attente son absurdité. »
Cette photo a également été reprise par le reporter graphique Hippolyte, version Aquarelle. (Hippolyte a illustré le dossier « Jeunesse naufragée« .)
Retrouvez le travail de Maud Veith sur ces pages :
www.maudveith.com
www.femmesphotographes.eu
Retrouvez le travail d’Hippolyte sur cette page:
https://hippolyte.viewbook.com
