Johannes, 28 ans, chercheur à Berlin
7 mars 2020

« Pour moi qui sais très bien nager, la mer peut se montrer vraiment effrayante : alors imaginez pour ces personnes qui ne savent pas nager…  C’est l’horreur ! »

Il y a quelques semaines, Johannes se rendait à Marseille avec d’autres bénévoles pour visiter l’Ocean Viking lors d’une escale technique. « Depuis Berlin, on est loin du bateau, de la mer. Alors ça m’a vraiment impressionné de voir comment les différentes équipes et les bénévoles des quatre pays travaillent ensemble !  Nous sommes tous animés par la même passion, la même mission, et en dépit de nos différences, que nous soyons bénévoles ou marins, Allemands, Français, Suisses ou Italiens, nous sommes très proches par notre action. » 

Pour le jeune chercheur en sciences politiques et en droit des étrangers, cette rencontre avec les marins, les équipes et d’autres bénévoles n’a fait que renforcer son adhésion aux valeurs de l’association : « J’aime cette approche européenne, où tous les pays travaillent ensemble pour cette cause qui touche l’Europe. » 

Tendre la main : le geste le plus naturel qui soit

Cette cause, c’est à plusieurs titres qu’il la défend. Excellent nageur, Johannes a longtemps dispensé  des cours de natation à des enfants et a aussi été sauveteur dans une piscine publique. « Je nage depuis le plus jeune âge et penser que des personnes se noient est la chose la plus horrible que je puisse imaginer. Savoir qu’ils partent Méditerranée sur ces bouts de plastique m’est insupportable. » Johannes a passé un été sur une île grecque pour donner des cours de natation à des réfugiés qui avaient fait la traversée dans les conditions extrêmes que l’on connaît. « Pour moi qui sais très bien nager, la mer peut se montrer vraiment effrayante : alors imaginez pour ces personnes qui ne savent pas nager…  C’est l’horreur ! »

Dans le cadre de son travail, le jeune chercheur œuvre à l’intégration des étrangers au marché de l’emploi. Au quotidien, il entend raconter ces histoires, souvent douloureuses, de l’exil. Il connait leur vie, leurs difficultés… « Ça me rend tellement triste que des gens comme eux n’arrivent pas à atteindre l’Europe parce qu’ils se noient ! Alors lorsque j’ai du temps libre, je mets mon expérience au service de SOS MEDITERRANEE. »

Appelé sur tous les fronts à l’antenne berlinoise de SOS MEDITERRANEE, Johannes enchaîne la tenue de stands dans des festivals, prend la parole pour parler de la situation en Méditerranée lors de concerts bénéfices et autres débats, mène des séances de sensibilisation auprès de différents publics… « J’aime ces échanges d’idées, on rencontre beaucoup de personnes qui soutiennent la mission, qui donnent déjà, qui veulent s’engager… C’est très motivant ! » Pour le jeune chercheur berlinois, il importe que ses interlocuteurs comprennent que « ce que nous faisons, c’est d’abord de tendre la main à notre prochain qui risque de se noyer, rien de plus ! C’est le geste le plus naturel qui soit et personne ne peut être contre cela ! »

Citoyenneté, fraternité et diversité

Ce qui plaît à Johannes dans son « travail » de bénévole, c’est aussi de côtoyer la diversité :

« Les personnes qui s’engagent sont de toutes les couches sociales, ils occupent différents métiers, c’est très riche ! D’ailleurs, beaucoup de citoyens soutiennent la mission ici. En Allemagne, il y a régulièrement des manifestations pour le sauvetage en mer dans de nombreuses villes et SOS MEDITERRANEE y prend part elle aussi. Comme nous, les citoyens qui se regroupent à ces manifestations pour réclamer l’arrêt de la criminalisation des ONG de sauvetage en mer, l’augmentation des capacités de recherche et sauvetage par les États de l’Union Européenne et l’ouverture des ports aux navires de sauvetage. Les gens ne montent pas dans un petit bateau en plastique parce qu’il y a un navire de sauvetage quelque part au large ! Ils se jettent à la mer pour fuir l’enfer. C’est la situation épouvantable en Libye qui les poussent à mettre leur vie en péril, peu importe qui est en mer ou pas. Et nous, on est là pour éviter qu’ils se noient. »

Crédit Photo : Friederike Remy