Un portrait

Une histoire

Osei

Ghana

Pays d'origine

31 ANS

Âge

 

« Je n’ai pas eu d’autres choix que de traverser la mer. »

Osei*, rescapé originaire du Ghana

Dans le cadre de notre mission de témoignage, nous publions aujourd’hui Paroles de rescapé.e.s, une lecture réalisée par trois bénévoles marseillaises, tirée de l’ouvrage « Les Naufragés de l’enfer », de Marie Rajablat, infirmière embarquée à bord de l’Aquarius.

Témoignage recueilli sur l’Aquarius le 24.11.2016 

« Jamais je n’aurais pensé partir si loin de ma famille. » 

Ce témoignage, auquel Karine a prêté sa voix, a été mis en images par Brigitte. Toutes les deux sont bénévoles à Marseille. La capsule vidéo raconte l’histoire d’un jeune ghanéen nommé Osei*, rescapé par l’Aquarius fin novembre 2016. Cette histoire est celle de nombreux.ses autres rescapé.e.s : c’est le témoignage d’un jeune homme contraint de quitter son pays pour travailler en Libye. C’est le récit de ces personnes qui, face aux violences qu’elles ont subies sur leur parcours migratoire, n’ont finalement pas eu d’autres choix que de partir pour l’Europe.

« Le témoignage revêt une importance capitale. »

Dans cette volonté de sensibiliser les plus jeunes aux enjeux des migrations en mer, trois bénévoles de SOS MEDITERRANEE ont tiré de courts extraits de leur performance artistique « Il y a des montagnes dans la mer », elle-même publiée sous forme de podcast en janvier dernier (à écouter dans son intégralité ici). Le témoignage d’Osei est l’un d’eux.

Malgré les restrictions sanitaires actuelles, il est aujourd’hui essentiel de diffuser ces récits dans les milieux scolaires. Comme le raconte Bérengère, qui a été parmi les premières à mettre en œuvre des séances de sensibilisation scolaire dans l’Ouest de la France pour SOS MEDITERRANEE, le témoignage « revêt une importance capitale […] il permet d’incarner les parcours de migration en redonnant un nom, un visage et une histoire à toutes ces personnes dont on nie la singularité en les désignant communément sous le terme générique de « migrants ».

A l’occasion des séances de sensibilisation scolaire sur toute la France, un livret pédagogique préfacé par l’écrivain Daniel Pennac sert de trame aux bénévoles qui s’acquittent de cette mission.

*Afin de préserver son identité, le nom et la photo de à la personne qui livre son témoignage ont été modifiés

Crédits 
Montage : Brigitte, bénévole
Voix : Karine, bénévole
Son : Radio Bam

***

Transcription complète de la lecture du témoignage d’Osei

 « Jamais je n’ai pensé quitter mon pays. On n’était pas très riche mais j’avais de quoi nourrir ma famille… Comme tous les ans, après la récolte, j’ai brûlé mon champ, mais cette fois-ci le vent a poussé le feu sur le champ d’un voisin. Il a porté plainte et j’ai été condamné à payer 600 euros. Comme je ne pouvais pas payer, je me suis décidé à partir en Libye pour travailler. Je me disais que j’allais pouvoir payer ma dette et payer des études à mes enfants, pour qu’ils ne se retrouvent pas dans la même situation que moi. Mais arrivé là-bas, ça ne s’est pas passé comme ça. Arrivée en Libye, j’ai été arrêté, enfermé dans une cave. On me demandait 1 500 dollars pour sortir. Moi je ne pouvais pas payer une telle somme. A qui j’aurais demandé ?! Alors j’ai réussi à m’évader avec d’autres, mais je ne pouvais pas repartir en arrière après, je n’avais pas d’autre choix que de traverser la mer. J’ai réuni 500 euros parce que je ne pouvais pas repartir en arrière. Jamais je n’aurais pensé partir aussi loin de ma famille… ».

Derniers témoignages

Chourouk

« Nous avons décidé de partir pour pouvoir soigner notre fille. Mais, elle est décédée avant notre arrivée. » 

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Mohamad Anis

« Nous sommes restés trois jours en mer avant que vous ne nous sauviez. Au total, la traversée m'a coûté 24 000 $ US, ainsi que de nombreux actes de torture. » 

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