« Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la force des femmes, qui regardent en avant et continuent à vivre malgré leur traumatisme. » – Christine, infirmière, responsable de l’équipe médicale à bord de l’Ocean Viking
13 mars 2021

Photo : Fabian Mondl / SOS MEDITERRANEE

« Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la force des femmes, qui regardent en avant et continuent à vivre malgré leur traumatisme. »

Lors de la dixième rotation en mer de l’Ocean Viking, en janvier et février 2021, Christine était responsable de l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE. (Elle raconte cette première expérience dans ses Carnets de sauvetage.) Mais ce n’était pas là son baptême dans l’humanitaire. Loin s’en faut.  Née en 1964 près de Bonn en Allemagne, Christine a traversé plusieurs des crises humanitaires majeures de ces 25 dernières années.

 Lors du massacre de Srebrenica (dans l’actuelle Bosnie-Herzégovine) en 1995, elle travaillait comme infirmière pour Médecins Sans Frontières (MSF). L’une des deux seuls membres du personnel qui soit expatrié, elle y tenait un rôle important de coordination. Christine a ensuite témoigné contre les auteurs des atrocités commises à Srebrenica devant la Cour internationale de justice de La Haye. « En tant qu’humanitaire, lorsque l’on doit quitter un pays pour des raisons de sécurité, on est obligé d’abandonner les habitant.e.s au moment où ils.elles sont le plus dans le besoin. Dans le cas de Srebrenica, nous n’avons pas pu être évacué.e.s. Nous sommes resté.e.s avec les gens jusqu’à la fin. Il m’a fallu des années pour me rendre compte que je ne pouvais pas empêcher ce génocide, et pour accepter qu’il fallait protéger les jeunes hommes qui travaillaient avec nous, comme le cuisinier, l’interprète et le chauffeur. » 

Début 1995, Christine travaille en Tchétchénie, alors que la première guerre fait rage au pays. Elle rejoint ensuite l’Ouganda pendant la crise d’Ebola en 2000. Là-bas, elle assiste aux changements que cette épidémie opère au sein de la société, et de de l’animosité qu’elle engendre envers les organisations internationales. Il faudra au personnel médical une discipline sans faille pour travailler dans ce contexte, notamment en matière d’équipements de protection individuelle (EPI) et de mesures d’hygiène ; une expérience qui lui revient souvent en mémoire en cette période d’épidémie de COVID-19. Elle retournera en Ouganda de 2005 à 2007 en tant que chef de mission dans le cadre d’un projet auprès des personnes déplacées à l’intérieur du pays.

A partir de 2007 pourtant, Christine met entre parenthèses sont travail dans l’humanitaire. Installée à Berlin, elle œuvre dans le domaine des soins palliatifs. Elle est cependant volontaire pour soutenir les demandeurs d’asile et les réfugiés. Mais l’été dernier, Christine décide de reprendre sa vie d’humanitaire en contexte d’urgence : elle se porte volontaire à Lesbos (en Grèce) auprès d’une petite organisation d’aide médicale et assiste au terrible incendie qui ravage le camp en septembre 2020. Christine met ensuite en place un projet pour Medical Volunteers International (MVI) à la frontière bosno-croate afin d’aider à soulager les souffrances des hommes, des femmes et des enfants qui se sont retrouvés coincés entre les deux pays en essayant de passer en Croatie.

Photo: Hippolyte 

C’est à l’été 2020, alors que pratiquement tous les navires humanitaires sont retenus à quai, que Christine propose son aide pour une mission de recherche et de sauvetage en mer. « Je suis habituée à travailler dans des situations d’urgence aiguë, là où existe une injustice évidente. Je ne pouvais pas supporter qu’on laisse des gens se noyer, qu’une pareille injustice se déroule si près de nous », explique-t-elle. Après sa première mission sur l’Ocean Viking, Christine déclare : « Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la force des femmes, qui regardent en avant et continuent à vivre malgré leur traumatisme. Au fond de moi, je me sens si modeste. Je leur suis reconnaissante d’être un exemple de puissance et de force. Je suis également très heureuse que tant de personnes soient prêtes à soutenir le sauvetage en mer de différentes manières et à contrebalancer le climat politique actuel. »

Lire les Carnets de sauvetage de Christine 

Carnet #1  «Je suis reconnaissante de pouvoir être là, de pouvoir être utile dans cette terrible situation.»
Carnet #2  «Tenez-vous prêts pour le sauvetage, tenez-vous prêts pour le sauvetage!» 
Carnet #3 «Joyce*, une femme enceinte, présentait un état général médiocre qui exigeait une prise en charge rapide en soins intensifs.»  

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