Une mobilisation citoyenne au féminin
6 mars 2018

Les trois quarts des 250 bénévoles actifs chez SOS MEDITERRANEE sont des femmes. Présentes sur 10 antennes réparties sur toute la France, elles font de la sensibilisation scolaire, de la collecte de dons, des lectures de témoignages, elles tiennent des stands, interviennent en public ou dans les médias, elles organisent des évènements de soutien, mettent à disposition leurs compétences. Elles sont au cœur de la mobilisation citoyenne qui porte SOS MEDITERRANEE depuis ses débuts. En cette journée internationale du droit des femmes, partons à la rencontre de Morgane, Caroline, Hélène, Annick et Agnès, bénévoles engagées pour SOS MEDITERRANEE à Marseille, Toulouse et Montpellier.

Bibliothécaire, enseignante retraitée, en recherche d’emploi, juriste ou encore assistante sociale à la retraite, Agnès, Morgane, Caroline, Hélène et Annick ne se connaissent pas. Pourtant elles ont toutes un point commun : la volonté de s’engager pour sensibiliser l’opinion publique sur la situation dramatique en mer Méditerranée.

Certaines sont militantes, engagées dans le milieu associatif depuis plusieurs années. Pour d’autres, c’est une première expérience bénévole. Elles ont connu SOS MEDITERRANEE à travers des articles de journaux, le bouche à oreille, les réseaux associatifs, ou encore à l’occasion d’un évènement où l’association était présente.

Un engagement évident

« Je suis née en Algérie et j’ai connu l’exil en 1962 » nous confie Hélène, bénévole de la première heure à Marseille. Si certaines font le parallèle entre leur histoire personnelle et celles des personnes secourues par les équipes de l’Aquarius, toutes se sont reconnues dans l’appel citoyen lancé par SOS MEDITERRANEE.

« Je suis allée à une réunion d’information. On m’a dit : « On sauve des gens qui se noient. » Cette phrase me guide depuis le début de mon engagement chez SOS MEDITERRANEE. » témoigne Caroline, référente de l’antenne bénévole à Marseille.

Indignées par les naufrages à répétition et l’absence de dispositif de sauvetage adéquat en Méditerranée, elles ont décidé de donner de leur temps pour porter la parole de celles et ceux qui sont accueillis à bord de l’Aquarius. « Face au drame que vivent les réfugiés, comment rester inactive ? Cette idée m’était insupportable. » confie Agnès, bénévole à Montpellier.

9000 élèves sensibilisés en classe

Témoigner du drame des naufrages en Méditerranée fait partie des trois missions principales de SOS MEDITERRANEE, avec le sauvetage et la protection des survivants. Les bénévoles qui assurent cette mission partout en France en sont les principaux acteurs. Leur énergie force le respect et les résultats sont là : en deux ans, dix antennes bénévoles ont été créés, plusieurs centaines d’évènements ont été menés et plus de 9000 élèves de collèges et de lycées sensibilisés.

 « Il me semble essentiel d’informer les gens, les jeunes de ce qu’il se passe autour d’eux, et d’aider à renforcer par là la solidarité, le respect de son semblable ! » témoigne Morgane, bénévole à Toulouse.

Chacune a su trouver sa place, qu’elles se mobilisent pour des actions ponctuelles ou régulières, toutes les semaines ou quelques fois dans le mois.  Quand on leur demande quelle mission elles préfèrent, les réponses sont variées, à l’image de la richesse des actions qui sont menées. L’une d’entre elles revient souvent : la sensibilisation des élèves de collège et de lycée à la situation en Méditerranée et aux parcours de migration. L’exercice n’est pas facile mais l’expérience est certainement l’une des plus riches. Une manière de faire changer les choses à son niveau, d’apporter sa pierre à l’éducation des citoyens de la France de demain.

« Lors de ma première intervention en milieu scolaire, j’étais un peu intimidée, il ne fallait pas dire de bêtises. En sortant, un élève m’a dit : « Super madame votre intervention ! On va faire des gâteaux et les vendre au lycée pour SOS MEDITERRANEE. Là j’ai compris que je pouvais continuer », se souvient Annick, bénévole à Marseille.

 « On crée tout le temps des projets ensemble ! »

Etre bénévole chez SOS MEDITERRANEE c’est donner mais aussi recevoir. L’accueil des « nouveaux » est souvent simple et chaleureux comme en témoigne Morgane : « Le contact humain avec les membres de l’équipe a été tout de suite sympathique et dynamique, ce qui a favorisé mon engagement. Rapidement j’ai été présente sur les stands, à une émission de radio, et cette facilité avec laquelle l’équipe m’a fait confiance et m’a mise dans le bain a été agréable et fédératrice ! »

Elles viennent chercher ici le contact avec des gens qu’elles ne trouvent pas forcément ailleurs, « des gens avec le même mode de pensée, les mêmes convictions. »

Si certaines antennes sont plus petites comme celle de Grenoble avec une dizaine de bénévoles actifs, d’autres, comme Marseille, comptent jusqu’à soixante bénévoles. Malgré ces différences, chaque antenne développe ses actions sur son territoire. L’écoute et la bienveillance sont légion : « Il y a beaucoup de respect entre les bénévoles, nous confie Annick, il n’y a pas de relation de pouvoir. »

« Tout le monde peut trouver sa place, et l’intérêt est que beaucoup de choses sont à créer. On crée ensemble, tout le temps », explique Caroline. « Tous les jours on se questionne pour savoir comment on va mobiliser les gens. Notre prochaine création : des tutos vidéo amusants pour apprendre à monter un stand sur un évènement. »

76% de femmes…mais aussi des hommes !

Quand on leur dit que 76% des bénévoles chez SOS MEDITERRANEE sont des femmes, aucune n’est vraiment surprise. « Ce sont souvent les femmes qui font ‘bouger les lignes’ » observe Hélène. Certaines m’expliquent que les femmes sont plus nombreuses dans la société, qu’elles sont plus déterminées à combattre les injustices car elles en sont victimes. D’autres avancent que les femmes occupent plus d’emplois à temps partiels et qu’elles sont donc plus disponibles pour s’engager comme bénévole.

Peu importent les raisons, elles sont toutes d’accord pour dire que l’ensemble des bénévoles de SOS MEDITERRANEE, hommes ou femmes, sont le socle de cette mobilisation citoyenne.

« Je ne m’engage pas seule, ma moitié aussi. Quand je suis chez SOS MEDITERRANEE, il s’occupe de notre fils. C’est une histoire de famille. D’ailleurs, c’est une manière aussi de transmettre des valeurs de solidarité et d’entraide à mon fils. Il s’en souviendra, je le fais aussi pour lui. » conclut Caroline.

SOS MEDITERRANEE a vu le jour grâce à l’engagement de ces femmes, et de ces hommes, qui ont su donner de leur temps, de leur énergie et mettre leurs compétences au service de ce projet citoyen. Elles (et ils) ont construit l’identité de l’association et portent aujourd’hui sa troisième mission : témoigner de la multiplicité des parcours de migration et sensibiliser l’opinion publique sur la situation en mer Méditerranée. 

Alors MERCI cher(e)s bénévoles, et plus particulièrement à toutes les Agnès,  Alice,  Aline,  Amandine,  Anne-Marie,  Annaëlle,  Anaïs,  Anne,  Anne-Claude,  Anne-Laure,  Annette,  Annick,  Audrey,  Béatrice,  Brigitte,  Camille,  Caroline,  Catherine,  Cécile,  Chantal,  Charlotte,  Chloé,  Christine,  Claire,  Clarisse,  Corinne,  Domitille,  Edith,  Elisabeth,  Elsa,  Emilie,  Emmanuelle,  Estelle,  Fanny,  Flora,  Françoise,  Giulia,  Hélène,  Isabelle,  Jeanne,  Josyane,  Julie,  Juliette,  Laura,  Laure,  Laurence,  Léa,  Lillou,  Line,  Lise Ther,  Lou,  Louise,  Lucile,  Manon,  Maria Diletta,  Marianne,  Marie,  Marie-Astrid,  Marie-Estelle,  Marie-Noëlle,  Martine,  Mathilde,  Mégane,  Mireille,  Monica,  Morgane,  Olivia,  Pascale,  Raphaëlle,  Régine,  Rose-Marie,  Samar,  Samia,  Sandrine,  Sarah,  Sophie,  Sylvie,  Tiphaine,  Véronique,  Viviane,  Violaine,  Wendy et  Yaicha…

Et à toutes les nouvelles qui nous rejoindrons, bienvenue !

NB : si vous souhaitez devenir bénévole pour SOS MEDITERRANEE, merci d’envoyer votre demande à contact@sosmediterranee.org

Témoignages : Agnès, Annick, Hélène, Caroline et Morgane, bénévoles sur Marseille, Toulouse et Montpellier

Photo prise par Juliette ESTIVALS lors de l’Autre Marseille-Cassis. Ici, Isabelle et Emilie, deux bénévoles marseillaises.