Urban Prod, la vidéo au service du sauvetage en mer

Une centaine d’heures de travail, une dizaine de volontaires engagé.e.s et une association d’insertion par l’audiovisuel à contribution pour soutenir la mission de témoignage de SOS MEDITERRANEE.  Retour sur un partenariat vidéo raconté par le directeur d’Urban Prod, Yann Stéphant.
 

« J’ai connu SOS MEDITERRANEE en 2016, alors que j’organisais le Festival de film de Douarnenez en Bretagne consacré aux cultures minimisées et à la défense des droits humains. Avec Bérengère, déléguée de SOS MEDITERRANEE, nous avions alors initié un partenariat entourant la diffusion du documentaire « Les Migrants ne savent pas nager » et l’organisation d’un débat. En 2017, alors que le festival de Douarnenez fêtait sa 40é édition et interrogeait la notion de frontière, nous avons développé ce rapprochement par des expositions, un stand permanent et des tables rondes. Ce partenariat se poursuit encore aujourd’hui. Alors quand je suis arrivé à Marseille à Urban Prod, une association support notamment d’un chantier d’insertion par la production audiovisuelle, nous avons rapidement rencontré l’équipe de SOS MEDITERRANEE afin de leur proposer la réalisation de capsules vidéo par des volontaires sur une base bénévole. »

Or à quelques semaines du grand événement commémorant les cinq ans de l’association à Marseille, les compétences de cette équipe qui manie la caméra, la réalisation ou le montage vidéo étaient plus que bienvenues ! On les a aussitôt canalisé.e.s vers la production d’une douzaine de capsules vidéo captées sur place le 26 septembre, sous la supervision de professionnel.le.s d’Urban Prod. Pour Yann, il s’agissait de participer à un « devoir citoyen ». 

« Il y a un devoir de révolte et chacun peut y participer à sa manière ! Si on ne peut pas aller en mer sauver ces gens, on peut soutenir des associations qui le font ! » 

L’une des contributions de la jeune équipe est certainement d’avoir participé à faire résonner plus loin la parole, trop rare, de personnes rescapées comme Moussa, jeune Ghanéen secouru par l’Aquarius en 2016.

Voir toutes les vidéos ci-dessous.

« Insulaire, j’ai baigné dans une famille et une culture de marins-pêcheurs. Et sur toutes les mers du monde, lorsque vous naviguez, le devoir de sauver une personne en détresse est un principe humain inaliénable. Et en Méditerranée, ce principe est bafoué. On a fait de la mer une frontière liquide qui se transforme en cimetière… la frontière qui tue le plus de personnes au monde ! Heureusement qu’il y a des collectifs comme SOS MEDITERRANEE pour pallier le manque des États ! Comme structure associative, notre contribution est modeste, mais tout ce qui peut être fait pour relayer cette réalité terrible est utile. Et de toute façon, quelles sont les alternatives?  Laisser mourir les gens en mer?  Je ne m’y résoudrai jamais ! »

A sa façon, Urban prod participe aussi de ce patient travail pour remettre un peu d’humanité dans nos sociétés. Son chantier d’insertion auprès de personnes de tous horizons considérées comme très éloignées de l’emploi – y compris des réfugié.e.s – a permis à une dizaine de volontaires de découvrir cette réalité du sauvetage en mer et de côtoyer un monde insoupçonné. « Derrière les caméras, interviewant des personnalités publiques ou des marins, enregistrant un concert, leurs regards se sont allumés. Et c’est cette étincelle qui me rend heureux ! »

Retrouvez ci-dessous les différents reportages et interviews réalisés par Urban Prod le cadre de ce partenariat avec SOS MEDITERRANEE.

A l’occasion des cinq ans de l’association, retour sur la journée #TousSauveteurs organisée le 26 septembre à Marseille

Interview de la photographe Hara Kaminara, montée à trois reprises à bord de l’Aquarius

« Depuis cinq ans, les Etats sont défaillants. C’est pour cela qu’on a créé SOS MEDITERRANEE, et on aurait bien voulu ne pas fêter cet anniversaire aujourd’hui… »

Interview de Sophie Beau, directrice et co-fondatrice de SOS MEDITERRANEE, dans le cadre des cinq ans de l’association.

« On sait qu’il y a des gens qui meurent et on peut techniquement aller sauver des vies, mais on ne le fait pas. Cela n’est pas acceptable. »

Interview de François Gabart, skipper et parrain de SOS MEDITERRANEE pour l’année 2021 

« J’essaie de mettre mon art en appui à SOS MEDITERRANEE puisque je crois que l’imaginaire, c’est ce qui manque le plus. »

Interview de l’artiste Alain Damasio qui multiplie les prises de parole pour défendre le sauvetage en mer et les valeurs défendues par l’association : « Tous sauveteurs pour moi, ça veut dire qu’il faut absolument se considérer comme appartenant à la même humanité. »

 

« En tant qu’être humain, en tant que femme, en tant que citoyenne, c’est mon devoir de faire partie de l’équipe de sauveteurs. »

Trois questions posées à Martine et Christine, bénévoles en charge de la sensibilisation scolaire.
 

« La solidarité ne se divise pas : c’est bien ainsi que le nouveau monde survivra. » 

Lecture par la comédienne Anna Mouglalis de la tribune publiée dans Le Monde par Bertrand Badie, professeur des universités à Science Po Paris

« Il y a une puissance dans l’humanité qui veut aller vers l’autre, qu’on n’a pas le droit d’interrompre. »

Interview de Macha Makeïeff, comédienne, auteure et directrice de La Criée – théâtre national de Marseille, qui défend l’idée d’un « relai de la solidarité ».

« Le sauvetage en mer est un devoir légal, mais c’est aussi un devoir moral. Nous sommes tou.te.s concerné.e.s par le drame qui se déroule en Méditerranée centrale. »

Interview de François Thomas, président de SOS MEDITERRANEE France, qui disqualifie à l’aide d’exemples concrets quelques « fake news » et idées reçues sur l’action des ONG de sauvetage.

« C’est loin. C’est dangereux. Ça crie, ça pleure. Même si la plupart survivent, beaucoup souffrent et quelques-un.e.s n’en reviennent jamais. »

Témoignage de Jérémie, marin-sauveteur à bord de l’Aquarius puis de l’Ocean Viking.

« Parce que sauver ce n’est pas seulement sauver en mer. C’est sauver ces identités perdues. C’est sauver le droit de savoir des familles qui ne savent pas. C’est sauver la dignité. »

Interview de José Pablo Baraybar, anthropologue-légiste au CICR.

Photo 1 et vidéos : Urban Prod

Photo 2 : SOS MEDITERRANEE