#48 – Nouvelle détention d’un navire civil et de nombreuses victimes à la suite de terribles naufrages  

Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.

En deux semaines, plus de dix embarcations secourues par des navires civils et des autorités maritimes  

Le 21 septembre, le navire Geo Barents de Médecins Sans Frontières (MSF) a secouru 76 personnes en détresse sur une embarcation pneumatique surchargée, parmi lesquelles  18 mineur.e.s non accompagné.e.s, dans les eaux internationales au large de la Libye. Un lieu sûr pour débarquer les rescapé.e.s a été désigné le 29 septembre, après presque huit jours passés en mer et au moins dix demandes de débarquer dans un port sûr, selon l’ONG. Après une journée de navigation pour atteindre Tarente, le débarquement s’est achevé le 30 septembre. 

Le 21 septembre, l’Open Arms Uno s’est vu assigner le port de Messine, en Sicile, pour débarquer 402 rescapé.e.s ainsi que le corps d’une personne décédée.  Le navire de l’ONG avait secouru quatre embarcations en détresse entre le 15 et le 18 septembre. Le 18 septembre, au petit matin, l’équipage avait pris en charge 294 personnes, dont 43 femmes et 60 enfants qui étaient parti.e.s quatre jours plus tôt. La veille, après plus de 24 heures de recherche, l’équipe avait porté secours à 59 personnes  qui s’étaient réfugiées sur une plate-forme pétrolière, et avait récupéré le corps une personne décédée.  Le débarquement s’est terminé le 23 septembre

Le 22 septembre, le voilier Nadir de l’ONG Resqship a secouru 75 personnes à bord de deux embarcations en détresse, qui ont ensuite été transférées sur des patrouilleurs des garde-côtes italiens. 

Le 29 septembre, le Louise-Michel a pris en charge 88 personnes d’une embarcation pneumatique en détresse, à la suite d’une alerte envoyée par le réseau civil Alarm Phone. Parmi les rescapé.e.s se trouvaient 68 mineur.e.s non accompagné.e.s. L’ONG a révélé que cette opération de sauvetage avait été rendue difficile par l’approche rapide des garde-côtes libyens. Le 30 septembre, le Louise-Michel s’est vu assigner Lampedusa comme lieu sûr pour débarquer les rescapé.e.s.  

Au large de cette même île, 368 personnes avaient trouvé la mort dans un terrible naufrage le 3 octobre 2013. Une commémoration de cette tragédie s’est déroulée dans l’île le 3 octobre dernier, avec une marche réunissant étudiant.e.s, personnes rescapées et représentant.e.s institutionnels, au cours de laquelle le maire de Lampedusa a appelé de ses vœux une « réponse européenne » aux besoins de sauvetage des personnes en détresse en Méditerranée centrale.  

Le 4 octobre, le Louise-Michel a secouru 48 personnes en détresse à bord d’une embarcation en bois surchargée, suite à une autre alerte envoyée par Alarm Phone. 

Dans la nuit du 26 au 27 septembre, les garde-côtes italiens et espagnols ont effectué une opération conjointe de sauvetage d’une grande embarcation en bois en détresse au large de la Sicile. Selon le journaliste italien Sergio Scandura de Radio Radicale, 371 personnes se trouvaient à bord. Elles seraient parties d’Umm Saad, en Libye, une ville proche de la frontière égyptienne.  

Plusieurs naufrages tragiques font plus de 145 morts, tandis que les interceptions et les retours forcés en Libye se multiplient 

Un terrible naufrage au large de la Syrie a coûté la vie à au moins 100 personnes le 22 septembre. De 120 à 170 personnes auraient pris place à bord d’une petite embarcation partie du Liban pour tenter de traverser la Méditerranée, en direction des côtes italiennes. Les naufragé.e.s, dont des enfants et des personnes âgées, étaient pour la plupart originaires du Liban, de Syrie et de Palestine. Selon l’UNICEF, au moins dix enfants feraient partie des personnes décédées.  À la suite de cette tragédie en Méditerranée, le HCR, l’OIM et l’UNRWA ont conjointement appelé à l’action : « En réponse à l’augmentation des départs en mer depuis la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) au cours des derniers mois, l’OIM, le HCR et l’UNRWA appellent les États côtiers à redoubler d’efforts pour renforcer leur capacité à fournir des services de recherche et de sauvetage, et à travailler pour conférer un caractère prévisible à l’identification de lieux de débarquements sûrs. » 

On craint qu’un autre naufrage ne se soit produit au large des côtes tunisiennes le 26 septembre. Dans une action conjointe, la marine tunisienne, les garde-côtes et les pêcheurs sont parties à la recherche de 17 personnes portées disparues

Le 28 septembre, un naufrage au large de la Libye aurait coûté la vie à 32 personnes selon l’Organisation internationale pour les migrations. Neuf personnes décédées ont été retrouvées et 23 autres ont été signalées disparues par les rescapé.e.s. Les huit personnes ayant survécu à cette tragédie ont été renvoyées de force en Libye par les autorités maritimes libyennes.  

Le 22 septembre, la Cour d’appel de Paris a rouvert une enquête sur un naufrage remontant à mars-avril 2011, au cours duquel 63 personnes avaient trouvé la mort. Une embarcation pneumatique avec 72 personnes à bord avait dérivé pendant deux semaines au large des côtes libyennes, sans recevoir aucune assistance, alors que plusieurs navires militaires Français naviguaient dans la région.  

Aucune interception ni retour forcé vers la Libye n’ont été enregistrés par l’Organisation internationale pour les migrations entre le 18 et le 24 septembre. Entre le 25 septembre et le 1er octobre, 121 hommes et femmes ont été intercepté.e.s par les autorités maritimes libyennes et renvoyé.e.s de force sur les côtes libyennes. 

Annonce d’un nouveau navire d’ONG et détention du Sea-Watch 3. 

Après avoir sauvé 428 personnes en détresse en mer, le Sea-Watch 3 de l’ONG allemande Sea-Watch a été arrêté par les autorités maritimes italiennes le 21 septembre, à Reggio en Calabre. L’ONG a dénoncé une intensification politique de « la criminalisation de la migration et du sauvetage civil en mer ».   

Quelques jours plus tard, la même ONG, Sea-Watch, a annoncé l’achat et la restauration prochaine d’un nouveau navire destiné aux activités de recherche et de sauvetage : le Sea-Watch 5.